Les origines du karaté

 

Le karaté est un art martial dit japonais. Il est basé sur des techniques de percussion utilisant les différentes parties du corps comme des armes naturelles (doigts, mains ouvertes et fermées, avant-bras, pieds, tibias, coudes, genoux, tête, épaules, etc.) en vue de bloquer les attaques adverses et/ou d'attaquer.
Les techniques regroupent des parades, des esquives, des balayages, des projections et des clés. Des nuances de contenus techniques sont relativement marquées en fonction du style (shōtōkan, wadō-ryū, shitō-ryū, gojū-ryū...).
Cependant, avant d’être pratiqué tel que nous le connaissons aujourd’hui, le karaté a un long passé.

En 480 ou 520, un moine du nom de Bodhidharma quitta l’Inde pour s’installer dans le temple de Shaolin dans le Nord de la Chine. Selon la légende, Bodhidharma trouva ces bonzes, faméliques parce que mal nourris et ne pratiquant pas d’activité physique. Il enseignât alors diverses formes gymniques, plus ou moins guerrières, qu’il avait étudiées pendant son jeune âge sous la direction de son père roi et guerrier. Il mit donc au point une méthode connue sous le nom évocateur de « Nettoyage des muscles et des tendons, purification de la moelle et des sinus »..., le « Yijing kingyi suijing ».

Cette méthode mi-gymnique, mi-martiale fit couler beaucoup d’encre puisqu’elle fut considérée par certains comme étant à l’origine même des diverses pratiques martiales réputées du Monastère de Shaolin, donc de la plupart des arts martiaux chinois et, ce faisant des origines profondes des arts martiaux japonais (Bujutsu et Budo).

L’enseignement de ces techniques a été et est toujours secret. Sa diffusion a été possible lors de l’invasion du temple Shaolin qui a forcé les moines à fuir dans toute la Chine et donc à diffuser ces techniques.

La naissance des arts martiaux s'est faite dans une période d'échanges constants avec la Chine, il y avait mélange permanent d'exercices physiques, de récits mythiques et de philosophie.

L’étape suivante se place à Okinawa, île située au Sud du Japon, terre de rencontre des influences chinoises et japonaises. Cette position intermédiaire entre deux civilisations explique qu’Okinawa ait pu devenir un creuset original où ont fusionné des apports divers. C’est là notamment que se développa une forme de combat extrêmement violente et efficace directement à l’origine du karaté japonais actuel. Celle-ci fut par deux fois la réponse de la population aux actes d’envahisseurs détestés.

Les premiers furent les Chinois, venus au XVe siècle ; ils apportèrent, en même temps que leur civilisation, des « arts du poing » qui furent considérés avec intérêt par les habitants de l’île, tout port d’armes ayant été interdit par les autorités. Les anciennes techniques de combat locales qui avaient été pratiquées jusque-là dans le style propre a tout l’Extrême-Orient tout de lenteur et de décontraction, plus dans un but philosophique ou pour le maintien de la santé que pour le combat réel furent parallèlement développées dans une optique nouvelle : l’élimination des forces occupantes malgré l’absence d’armes. Progressivement la synthèse se fit entre les techniques locales et les techniques chinoises, ce fut l’Okinawa-te ou To-de.

Les seconds furent les Japonais qui décidèrent deux cents ans plus tard de s’approprier cette île dont ils convoitaient la richesse issue des échanges commerciaux avec la Chine. Une nouvelle fois les autochtones Purent mettre leur technique à l’épreuve, d’autant plus que les nouveaux envahisseurs avaient imité les Chinois en interdisant tout port d’armes.

L’Okinawa-te devint terriblement meurtrier. Son enseignement et sa pratique restèrent secrets jusqu en 1900, date à laquelle les instructeurs d’Okinawa estimèrent que les temps avaient suffisamment changé pour qu’ils puissent se permettre de rompre le silence.

L’Okinawa-te fut alors enseigne ouvertement, essentiellement comme méthode d’éducation physique. De cette époque nous sont parvenus les noms de deux maîtres qui allaient devenir les chefs de file des principales écoles actuelles :

Ankoh Itosu enseignait une méthode basée sur les techniques longues, les déplacements rapides et légers (style Shorin), tandis que Kanryo Higaonna donnait la préférence à un style basé sur des techniques de force, en contraction et sur des déplacements courts, surtout efficace pour le combat a faible distance (style Shorei). Ces deux maîtres instruisirent les hommes qui, un peu plus tard, révélèrent leur technique martiale au Japon.

Cette découverte n’eut lieu que dans les années 1915-1925. C’est Gichin Funakoshi, considéré comme le père du karaté actuel, qui enthousiasma les Japonais par la démonstration qu’il fit en 1922 à Tokyo au cours d’une fête sportive. Les Japonais, qui ne connnaissaient encore que le jiu-jitsu (méthode de combat sans armes dont est issu le judo) se mirent à l’étude de cette méthode encore inconnue et si efficace sous la direction du maître Funakoshi, prié de rester au Japon. C’est’ alors seulement que celui-ci coupa le lien avec l’origine chinoise et okinawaïenne de son art, en l’appelant Karaté. Il appela sa technique Shotokan du nom de la salle d’entraînement qu’il ouvrit à Tokyo. Mais tandis que certains instructeurs continuaient à enseigner à Okinawa une forme plus traditionnelle et plus proche de l’Okinawa-te (ainsi l’Uechi-ryu le Shoreiji-ryu, etc.), d’autres, voyant le succès de Funakoshi, passèrent au Japon et y apportèrent leur technique. Bien que celle-ci fut à chaque fois légèrement différente, ils l’appelèrent tous karaté en raison de la publicité dont cette désignation bénéficiait déjà. C’est ainsi que Kenwa Mabuni enseigna le style Shito-ryu, car il avait étudié sous la direction du maître Itosu comme du maître Higaonna, et que Chojun Miyagi fonda le style Goju-ryu. Cette période fut particulièrement féconde pour le karaté - sous l’impulsion notamment des jeunes universitaires japonais, les techniques furent étudiées rationnellement et le karaté devint ce mode de combat si efficace, utilisant au maximum les possibilités du corps humain, tel que nous le connaissons aujourd’hui. C’est Funakoshi qui ajouta le suffixe Do pour mieux incorporer son art dans l’ensemble des arts martiaux japonais et rappeler que le karaté permettait aussi une approche de l’ancien esprit des Samouraïs (chevaliers) japonais, celui du Budo (recherche de la voie philosophique par la pratique d’un art de guerre).

Mais l’évolution du karaté se poursuivait avec le maître Yoshitaka Funakoshi, fils de Gichin, qui l’adaptait au tempérament japonais et en fit une discipline extrêmement dure, tandis que le maître japonais Otsuka qui avait étudié sous la direction de Gichin Funakoshi, préférait en rester au style traditionnel apporté à l’origine par celui-ci. Otsuka fonda le style Wado-ryu, plus proche des techniques originelles que celles que développaient Yoshitaka Funakoshi et les étudiants japonais. Le vieux maître Gichin Funakoshi approuvait d’ailleurs les deux tendances, estimant que tout homme sincère doit suivre sa propre voie D autres déviations eurent encore lieu avec les maîtres Egami Tani Itosu etc. Les grandes lignes étaient maintenant tracées, les différentes écoles spécifiées; chacune d’elle va former les maîtres et les experts actuels Cependant cet éclatement progressif s’était accompagné d’un changement dans l’esprit originel du karaté : celui-ci devenait de plus en plus un sport tandis que le sens martial glissait en second plan, n’ayant apparemment plus de raison d’être à l’époque actuelle. Le karaté commençait a imiter l’évolution du vieux jiu-jitsu pour devenir un sport de combat comme l’était devenu le judo.